Jean-Noël Aletti, «Jn 13 – Les problèmes de composition et leur importance», Vol. 87 (2006) 263-272
The thesis developed in this short paper is clear-cut: in order to single out the
dispositio of John 13, different and complementary approaches are required. If, in
a first step, it is helpful to collect lexical parallelisms (chiastic and alternate), it is
even more useful to determine the discursive function of the subunits (introduction,
etc.) and the respective viewpoints of the narrator and of the main character (Jesus).
In other words, a one-track approach must be at all costs avoided.
Jn 13 – Les problèmes de composition et leur importance
Si l’on en croit la majorité des exégètes, le premier discours d’adieux de Jn
13–17, commencerait en Jn 13,31 et irait jusque 14,31 (1). Beaucoup moins
nombreux sont ceux pour qui Jn 13 constitue une unité littéraire. Voyons les
raisons fournies par les uns et les autres, avant d’apporter des arguments
décisifs en faveur de la deuxième hypothèse de lecture.
1. Jn 13,31-38 rattaché aux discours d’adieux?
Les raisons, narratives et thématiques, de ceux qui séparent 13,31-38 de
13,1-30 sont bien connues. Qu’il suffise de les rappeler brièvement.
Narrativement, la sortie de Judas Iscariote — après 13,31, il n’est plus question
de traître ni de trahison avant Jn 18 —, permet à Jésus d’énoncer à tous les
autres disciples, y compris Pierre, ses instructions ultimes. Effectivement, en Jn
13,34-35, Jésus donne le commandement de l’agapè, et le redonnera en
15,12.17; de même, il amorce la thématique de la glorification (celle du Père et
la sienne) aux vv. 31-32, et la reprendra en 14,13; 15,8; 16,14; 17,1.4.5.10.
22.24; la même observation vaut pour son départ, annoncé d’abord en 13,33.34,
puis en 14,12.28 et 16,28. Il semble enfin impossible de couper entre Jn 13,38
et 14,1, car aucune rupture n’est signalée, ni dans l’illocution (le locuteur – Jésus
– et les locutaires – les disciples – sont les mêmes), ni dans le fil du discours (Jn
14,1-4 prolonge et complète Jn 13,33 et 36). Telles sont, grosso modo, les
raisons pour lesquelles Jn 13,31-38 est considéré par le plus grand nombre
comme le début du premier discours d’adieux (13,31–14,31), de configuration
plus dialogale que le suivant. Les trente premiers versets de Jn 13 sont en
conséquence interprétés comme une introduction gestuelle — grâce au lavement
des pieds et au don de la bouchée — et symbolique au(x) discours d’adieux.
2. Jn 13,1-38: ensemble unifié rhétoriquement et littérairement?
Que plusieurs des thèmes récurrents en Jn 14–17 soient pour ainsi dire
introduits en Jn 13,31-38, n’empêche pas a priori Jn 13 en son entier de
former une péricope unifiée, car, comme il arrive souvent, les thèmes
(1) Entre autres, R.E. BROWN, The Gospel according to John (AB 29; Garden City –
New York 1996) 545; C.K. BARRETT, The Gospel according to St. John (London 21978)
435; R. SCHNACKENBURG, Das Johannesevangelium (HTKNT 4; Freiburg – Basel – Wien
1984) III, 6; E. HAENCHEN, John (Philadelphia 1984) II, 102-116; D.F. TOLMIE Jesus’
Farewell to the Disciples. John 13,1–17,26 in Narratological Perspective (Biblical
Interpretation Series 12; Leiden 1995) 28-29; G. BEASLEY-MURRAY, John (WBC 36; Waco,
TX 1987); M. PESCE, “ Il lavaggio dei piedi â€, Opera Giovannea (ed. G. GHIBERTI) (Torino
2003) 234; L.S. KELLUM, The Unity of the Farewell Discourse, The Literary Integrity of
John 13:31–16:33 (JSNT Sup 256; London 2004); G.L. PARSENIOS, Departure and
Consolation. The Johannine Farewell Discourse in Light of Greco-Roman Literatur (NT.S
117; Leiden 2005) 121, 123; P.A. HOLLOWAY, “Jesus’ Consolation of His Disciples in John
13,31–17,26â€, ZNW 96 (2005) 1-33. Ce dernier auteur range Jn 13,31–17,26 parmi les
discours d’adieux épidictiques — qui finissent par des prières —, et plus exactement
comme discours de consolation, laliva propemptikhv et lovgo" suntaktikov".