Jean-Noël Aletti, «Jn 13 – Les problèmes de composition et leur importance», Vol. 87 (2006) 263-272
The thesis developed in this short paper is clear-cut: in order to single out the
dispositio of John 13, different and complementary approaches are required. If, in
a first step, it is helpful to collect lexical parallelisms (chiastic and alternate), it is
even more useful to determine the discursive function of the subunits (introduction,
etc.) and the respective viewpoints of the narrator and of the main character (Jesus).
In other words, a one-track approach must be at all costs avoided.
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n’est pas signifiée par le temps des verbes, autrement dit par le passage du
passé au présent, car le présent narratif commence déjà aux vv. 4-5, en pleine
introduction, mais bien plutôt par la première mention ou apparition du
personnage Pierre, qui, comme Jésus, va être présent tout au long de l’épisode
(vv. 6, 8, 9, 24, 36, 37). Autrement dit, si les vv. 4-5 décrivent les gestes de
Jésus et sont donc bien narratifs, ils ne font pas encore entrer dans les
complications qui caractérisent une intrigue – cela n’advient qu’à partir des
vv. 6-11: Pierre va-t-il accepter de se laisser laver les pieds? Les autres feront-
ils de même, etc.? Bref, la machine narrative ne démarre vraiment qu’au v. 6.
Nous avons plus haut constaté que les thèmes annoncés par le narrateur
dans l’introduction et repris par le reste de Jn 13 sont au nombre de trois
(agapè et retour à Dieu, trahison, lavement des pieds). La division du chapitre
est-elle alors tripartite (vv. 6-15/20; vv. 21-30 et 31-38) ou bien bipartite (vv.
6-20 et 21-38), si l’on suit les études de rhétorique structurelle mentionnées
plus haut? Il n’y a en réalité pas d’opposition entre les deux types de données,
car la composition mise en avant par l’analyse rhétorique s’harmonise au
mieux avec l’ordonnancement des trois thèmes majeurs:
composition bipartite agencement des thèmes
i – lavement des pieds de Pierre vv. 6-11
} laver les pieds vv. 6-11+12-15
ii – déclarations et exhortations
vv. 12-15 + 16-20
i – désignation de Judas et don de la Judas Iscariote, trahison, Satan vv. 21-30
bouchée vv. 21-30
ii – déclarations et exhortations s’en aller (vers Dieu), agapè vv. 31-38
vv. 31-35 + 36-38
La difficulté vient moins de l’harmonisation entre la composition et
l’agencement des thèmes majeurs que de l’apparente excroissance constituée
par les vv. 16-20, qui n’ont pas de correspondant dans le chapitre, comme
l’avaient noté les analyses rhétoriques. Doit-on leur donner un statut propre (en
faire une unité à part), ou bien peut-on simplement les rattacher aux vv. 12-15?
La composition rhétorique d’ensemble invite à opter pour cette deuxième
solution. En effet, (1) le discours de Jésus n’est pas interrompu par le narrateur
(il ne le sera qu’au v. 21), (2) aux vv. 16-17, ce discours s’appuie encore sur le
rapport entre le titre kuvrio" et ce que Jésus a fait (cf. les vv. 13-14), pour en tirer
des conséquences concernant le faire des disciples dans l’avenir, (3) les vv. 16-
20 prolongent la thématique du savoir (oi\da) de Jésus, opposé au non savoir des
disciples, thématique amorcée dans l’introduction (vv. 1 et 3) et développée
dans la première partie du chapitre (23), à propos du lavement des pieds.
Beaucoup de commentateurs voient en ces versets un ajout postérieur. Cela est
(très) vraisemblable, mais, postérieurs ou non, ils se présentent bien comme une
reprise interprétative des déclarations et exhortations des vv. 12-15.
Une seule thématique, celle du reniement de Pierre (vv. 36-38), n’est pas
annoncée dans l’introduction. Cela signifie manifestement que pour le narrateur,
comme pour Jésus (vv. 6-10), le reniement n’a ni la même importance ni la
même gravité que la trahison; l’incise du narrateur (vv. 11), les allusions, puis
(23) Cf. les vv. 7, 11, 17 et 18.