Maurice Gilbert, «Où en sont les études sur le Siracide?», Vol. 92 (2011) 161-181
This article takes stock of works published over the last twenty years on the book of Sirach. In it the textual, literary and theological problems dealt with these days are discussed in succession. The footnotes provide an ample bibliography on the subject. The conclusion is that research on this book is making great strides, but also that it is far from having solved all these problems.
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présente des problèmes, puisque le texte hébreu de Ben Sira n’a
pas été transmis régulièrement comme le furent les versions
grecque, latine et syriaque: nous n’en possédons que des fragments
retrouvés.
Toutefois, les études critiques menées durant le XXe siècle ont
établi que l’œuvre de Ben Sira, datant du premier quart du
IIe siècle avant notre ère et traduite en grec à partir de 132 avant
notre ère par celui qui se prétend son petit-fils, avait subi par la
suite une révision avec modifications et ajouts. Pour être clair, on
parle alors d’un Hb I, l’œuvre même de Ben Sira, d’un Gr I, la
version grecque de son petit-fils, d’un Hb II, dont des fragments
hébreux donnent quelques témoignages, et d’un Gr II, le texte grec
revu et augmenté, transmis surtout par quelques manuscrits écrits
en minuscules et dont les versions latines et syriaques témoignent
également.
Ceci dit, voici quelques données fondamentales sur chacune
des quatre traditions textuelles.
1. Les textes hébreux
Mis tous ensemble, ils ne donnent guère plus que les deux-tiers
du livre. Manquent Si 1–2 et 17–29. Le texte important de Si 24
fait donc encore défaut. L’avenir apportera-t-il de nouvelles décou-
vertes ? Ce n’est pas exclu et on peut même l’espérer, car, à ce
jour, tous les fonds qui peuvent en cacher n’ont pas été totalement
inventoriés.
D’autre part, les manuscrits retrouvés sont en mauvais état. Des
bas de pages manquent parfois; dans d’autres cas, il ne reste que
des bouts de ligne, suffisants tout de même pour assurer une iden-
tification ; des lignes incomplètes ou des trous dans le papier
empêchent une lecture assurée. En outre, s’agissant de textes Ã
usage courant, leur transcription n’est pas très soignée, hormis
pour le manuscrit B. Comme on possède six manuscrits différents
provenant du Caire, trois de Qumrân et un de Massada, il est
possible et nécessaire de comparer les textes lorsqu’ils paraissent
dans deux, voire dans trois manuscrits différents. A. Minissale a
suivi cette méthode pour dix péricopes 11. Dans le cas de diver-
A. MINISSALE, La versione greca del Siracide. Confronto con il testo
11