Maurice Gilbert, «Où en sont les études sur le Siracide?», Vol. 92 (2011) 161-181
This article takes stock of works published over the last twenty years on the book of Sirach. In it the textual, literary and theological problems dealt with these days are discussed in succession. The footnotes provide an ample bibliography on the subject. The conclusion is that research on this book is making great strides, but also that it is far from having solved all these problems.
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OÙ SIRACIDE ?
EN SONT LES ÉTUDES SUR LE
quoi cette liberté des copistes à transmettre tel ajout et pas tel
autre ? La réponse manque encore.
3. Les textes latins
La version latine de l’Ecclésiastique a donc été établie sur une
version Gr II que nous n’avons plus. Dans son apparat critique du
texte grec devenu traditionnel, Ziegler a indiqué les nombreuses
fois où la version latine se distingue de cette version grecque pour
s’aligner sur une tradition textuelle que l’on retrouve en hébreu. Il
y a là , certes, un problème sérieux, qui n’a pas encore été affronté
pour lui-même. La version grecque perdue était-elle plus fidèle Ã
l’hébreu que celle qui nous parvient?
L’histoire de la version latine est compliquée. Un texte Gr II
fut traduit par un chrétien avant la fin du IIe siècle. W. Thiele en a
donné une édition critique pour Si Prologue et 1–24 19. C’est la
Vetus Latina (VL). Jérôme ayant refusé de retraduire en latin la
version grecque du Siracide, la version VL entra dans la Vulgate
(Vg), peut-être déjà avant la fin du Ve siècle. C’est le texte qui
figurait dans la Bible sixto-clémentine. En 1964, les Bénédictins de
l’Abbaye Saint-Jérôme, à Rome, donnèrent une édition critique du
texte de l’Ecclésiastique tel qu’il était lors de son insertion dans la
Vulgate 20. En effet, cette version de l’Ecclésiastique comporte des
retraductions tardives de certains versets à partir de la version
grecque, par exemple en Eccli 1,11-13, doublet de Eccli 1,17-18Vg.
Pourtant, cette version VL-Vg est considérée comme le meil-
leur témoin, indirect, certes, de ce Gr II perdu, car, en plus des
stiques additionnels, elle montre que Gr II procéda aussi à des
modifications significatives dans nombre de versets, ce qui n’appa-
raît pas dans les manuscrits qui transmettent Gr II. On peut même
montrer que des additions propres à la VL-Vg supposent, par-delÃ
Gr II, un substrat d’origine juive, et non pas chrétien 21.
W. THIELE (ed.), Sirach Ecclesiasticus (Vetus Latina 11/2; Freiburg
19
1987-2005).
Sapientia Salomonis. Liber Hiesu filii Sirach (Biblia sacra iuxta latinam
20
Vulgatam versionem ad codicum fidei XII; Città del Vaticano 1964).
Cf. M. GILBERT, “Les additions grecques et latines à Sir 24â€, Lectures
21
et relectures de la Bible. Festschrift P.-M. Bogaert (éds. J.M. AUWERS –
A. WÉNIN) (BETL 144; Leuven 1999) 195-207, spéc. 201-207. Pour l’Ecclé-