Marc Rastoin, «Simon-Pierre entre Jésus et Satan», Vol. 89 (2008) 153-172
In the history of research, Luke 22:31-34 has been on the whole judged to be a rather awkward composition consisting of traditional material and Lucan wording. This article intends to show the completely Lucan character of the passage as well as the theological meaning Luke attached to it. In these verses,
Luke reveals his literary mastery as well as his theological overall project in Luke-Acts: the primacy of Peter is rooted in the prayer of Jesus Christ himself during His Passion.
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fortes de Jésus propres à la tradition lucanienne, on peut mentionner
Lc 12,49-51 et 13,31. Dans les deux cas, on trouve une apostrophe
courte et des formules qui s’insèrent bien dans la trame globale de Luc.
Ici la technique de la chreia peut s’avérer utile. Luc peut composer des
maximes courtes de la même façon que dans l’Antiquité on
transmettait et l’on composait des paroles mises dans la bouche des
philosophes ou des grands personnages (28). La chreia se distingue de
nombreux récits évangéliques par sa brièveté et par le fait qu’elle ne
donne que le plus bref aperçu du contexte. Butts écrit, commentant une
affirmation de M. Dibelius: “The difference is that in the Gospel
stories the situation that leads up to the word or acts of Jesus ‘is really
described, whereas the ‘Chriae’, as a rule, only give the most essential
presuppositions for the saying’ [158]. It is no doubt true that the chreia
is characterized by sparseness of data. It is not always the case,
however, that ‘the situation is really described’ in all the Gospel
stories, for many of them are just as brief and scanty as any chreia†(29).
Il ajoute: “The tendency to fit a chreia into a larger narrative setting by
adding minor editorial phrases at the beginning reveals that the
Gospels’ writers knew how to use chreiai in the service of an
overarching literary project†(30). Il suppose ici une tradition antérieure
remaniée par l’évangéliste mais il va de soi que, dans certains cas,
l’évangéliste peut composer un dit de Jésus ressemblant à une telle
déclaration courte. Il explique également qu’il était normal d’étendre
et de détailler une parole connue en amplifiant le récit: “The Gospel
writers expanded certain concise chreiai into longer accountsâ€. C’est
ce que Luc fait à partir de sa source sur le reniement de Pierre. Il
explique comment Jésus a pu à la fois prévoir le reniement de Pierre et
lui confier un rôle. La chute de Simon s’explique par une tentation
satanique tout comme le redressement s’explique par une prière de
Jésus. Ainsi le récit sur le reniement est mieux situé dans le cadre de
l’histoire entière de Simon-Pierre.
Tout récemment, TD Stegman a montré l’importance de la chreia
chez Luc (31): Il écrit: “Johnson has argued that Luke meticulously
(28) Cf., parmi d’autres, J.R. BUTTS, “The Chreia in the Synoptic Gospelsâ€,
BTB 16 (1986) 132-138.
(29) BUTTS, The chreia, 133.
(30) BUTTS, The chreia, 134.
(31) Cf. T.D. STEGMAN, “Reading Luke 12:13–34 as an Elaboration of a
Chreia: How Hermogenes of Tarsus Sheds Light on Luke’s Gospel†NovT 49
(2007) 328-352.