170 Marc Rastoin annoncé de Pierre vers Jésus, c’est-à-dire son repentir et ses pleurs (Lc 22,61b-62) (37). Un autre épisode encore montre l’accomplissement de l’annonce faite par Jésus en Lc 22,32. L’autre fois où nous rencontrons, pour ainsi dire ‘réunis’, Satan et Pierre, c’est au début du livre des Actes, en Ac 5,1-11, avec Ananie et Saphire, le péché originel de l’Eglise selon la bonne expression de Daniel Marguerat. Pierre va débusquer Satan à l’œuvre dans la communauté au sein des frères et il va interpeller Ananie: “Pierre lui dit: ‘Ananie, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, que tu mentes à l’Esprit Saint’” (Ac 5,3a). Ainsi Pierre raffermit les disciples. Nous voyons comment il assume son rôle de leader de la communauté du Ressuscité en s’affrontant frontalement à Satan (38) et en en venant à bout. Il va de soi que seule la prière et le soutien du Christ lui permettent de remplir cette tâche de défenseur de la communion fraternelle. Situé au sein même de la dernière cène, l’aspect ecclésial de cette péricope en est accentué. Luc situe ainsi également dans ce cadre la péricope sur la prééminence (Lc 22,24-27, parallèle à Mc 10,42-45 et à Mt 20,25-28). L’ensemble de la Passion témoigne chez Luc d’un souci ecclésial important (39). De même le logion sur les douze trônes en Lc 22,28-30 (parallèle à Mt 19,28) qui évoque le rassemblement d’Israël et son jugement est situé dans le même cadre. Luc ajoute le (37) Le professeur Bovon le remarque également: “Selon Luc la double opération de Satan et du Christ ne fixe pas la vie dans un déterminisme culpabilisant. La responsabilité humaine est maintenue mais elle peut se réjouir du soutien de Dieu et de son Messie (Jésus ‘s’étant tourné’ vers Pierre, strafeiv", 22,61, le participe de strevfw verbe qui est aussi présent dans le ejpistrevya" de Pierre, ‘une fois converti, v. 22)” (dans son commentaire à paraître). (38) F. Bovon note la dimension postpascale que dégage Lc 22,31-32 et fait explicitement le lien avec Mt 16: “Le verbe sthrivzw et le terme ajdelfoiv ainsi que le contexte de Lc 22,31-32 suggèrent une perspective postpascale. Le leadership de Pierre est admis par Luc ainsi qu’il l’est par Matthieu dans la fameuse sentence tu es Petrus (Mt 16,18).” (39) Comme le dit bien F. Montagnini: “Tutto ciò mostra che la disputa lucana sulla precedenza riprende la scena che Mc e Mt collocano nel corso della vita pubblica e, inserendola nella cornice della cena del Signore, ne accentua la valenza ecclesiale” (MONTAGNINI, “Il corollario lucano”, 457). Il conclut: “intorno alla cena del Signore… si sviluppa dunque un abbozzo di ecclesiologia, comprendente alcuni momenti di grande rilievo nella vita della Chiesa, quali la natura del rapporto che unisce tra loro i fedeli (22,27), il raffronto della communità di Cristo con Israele (22,30), il primato di Pietro e il suo esercizio (22,31-34), e infine il compito della missione (22,36s)” (MONTAGNINI, “Il corollario lucano”, 460.