Jean Marcel Vincent, «L’apport de la recherche historique et ses limites pour la compréhension des visions nocturnes de Zacharie», Vol. 87 (2006) 22-41
The aim of this article is to point out danger to which “historicizing” interpretations
of the nocturnal visions of Zechariah (Zech 1,7–6,8*) are exposed.
Research into the historical context has been thoroughly renewed by studies by
Th. Pola (2003) and M.J. Boda (2004, 2005) but is it really certain that the
nocturnal visions concern the rebuilding of the temple in Jerusalem and that it is
necessary to liken, as tradition does, the message of the cycle of visions to that of
the oracles of the prophet Haggai?
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Darius va y remédier en la réorganisant politiquement, particuliè-
rement dans la région de Transeuphratène (32). Ainsi le prophète verrait
la fin de la colère de Dieu, voire la réalisation des oracles de jugement
contre Babylone, et la fin des 70 ans d’oppression à l’époque où
Darius venait de mater sévèremment les Babyloniens. Explication
ingénieuse et pourtant, il nous semble, loin des données explicites dans
le texte des visions nocturnes. Si ce background historique était
nécessaire à l’intelligence de ces visions, ne serait-il pas abordé
plus explicitement? Il me paraît plus sage d’admettre le caractère
clairement rédactionnel du verset Za 1,7. La chronologie de Zacharie
ne serait-elle pas plutôt tout simplement empruntée à celle du livre
d’Aggée (33)?
2. Les révoltes lors de la succession de Cambyse
L’explication de Boda que nous venons d’évoquer présuppose que
le prophète avait pour le moins plus de sympathie pour les Perses que
pour les Babyloniens (34). Jusqu’à présent la tendance des chercheurs a
été plutôt de voir en Aggée et Zacharie des propagandistes d’une
révolte contre les Perses aux côtés des Babyloniens (35). Aggée
appelerait en 2,20-23 à une révolte ouverte en faveur de Zorobabel
(“Je ferai trembler le ciel et la terre, etcâ€.). Quant au prophète Zacharie,
enhardi par la révolte de Nindutu-Bêl et, éventuellement, en intel-
ligence avec ce dernier, il aurait couronné Zorobabel comme roi,
restaurant ainsi l’indépendance politique de Juda. Cette interprétation
repose surtout sur l’exégèse du texte de Za 6,9-15, texte réajusté pour
la cause (36). Les objections purement historiques à cette reconstruction
(32) Cf. BODA, “Terrifyingâ€, 39, avec une abondante bibliographie dans la
note 65.
(33) Ainsi J. NOGALSKI, Literary Precursors to the Book of the Twelve (BZAW
217; Berlin 1993) 216 et 238.
(34) C’est déjà la position de P.R. ACKROYD, Exile and Restoration. A Study
of Hebrew Thought of the Sixth Century BC (OTL; London 1968) 37-38.
(35) Cf., entre autres, A.T.E. OLMSTEAD, “Darius and His Behistoun
Inscriptionâ€, AJSL 55 (1938) 392-416, et L. WATERMAN, “The Camouflaged
Purge of Three Messianic Conspiratorsâ€, JNES 13 (1954) 73-78. Cette conception
des événements remonte en fait aux travaux de B. STADE, Geschichte des Volkes
Israel (Berlin 1888) II/1, 113, et E. MEYER, Geschichte des Altertums (Stuttgart –
Berlin 1901) III.
(36) Par pure conjecture, on remplace alors, au v. 12, “sur la tête de Josuéâ€
(TM) par “sur le tête de Zorobabel, le fils de Shealtiel†ou encore “sur la tête de
Zorobabel et sur la tête de Josuéâ€.