Jean Marcel Vincent, «L’apport de la recherche historique et ses limites pour la compréhension des visions nocturnes de Zacharie», Vol. 87 (2006) 22-41
The aim of this article is to point out danger to which “historicizing” interpretations
of the nocturnal visions of Zechariah (Zech 1,7–6,8*) are exposed.
Research into the historical context has been thoroughly renewed by studies by
Th. Pola (2003) and M.J. Boda (2004, 2005) but is it really certain that the
nocturnal visions concern the rebuilding of the temple in Jerusalem and that it is
necessary to liken, as tradition does, the message of the cycle of visions to that of
the oracles of the prophet Haggai?
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judéenne semble assez évident à partir de certains textes de l’époque
post-exilique, mais transparaissent-ils dans le cycle des visions
nocturnes (42)?
4. La disparition de Zorobabel
Malgré les difficultés historiques et les trop fréquents arguments e
silentio, de nombreux chercheurs s’obstinent à chercher la clef pour
l’intelligence des visions nocturnes dans un contexte de révolte
nationale contre l’impérialisme perse à cause d’une donnée délicate Ã
interpréter, celle du silence des textes sur le devenir de Zorobabel,
silence interprété comme disparition brutale de Zorobabel de la scène
politique. Sa mission semble achevée en 518. D’où l’hypothèse qu’il
aurait été victime de l’effervescence messianique de 520 et qu’il aurait
été exécuté par les autorités perses comme l’a été Aryandes en
Égypte (43). Cet échec de restauration du royaume davidique par
Zorobabel aurait conduit à ce que d’aucun caractérise de “fiasco de la
prophétie de salut†(44) et au transfert des prérogatives royales sur la
personne du grand-prêtre Josué. Nous n’avons pas à nous étendre
amplement sur cette reconstruction, d’une part, parce qu’elle dépend de
l’interprétation de passages qui sont situés en dehors du cycle des
visions nocturnes (les oracles à Zorobabel en 3,6b-10a, et le récit
concernant la couronne en 6,9-15), d’autre part, parce que Thomas
Pola, dans sa thèse d’habilitation, Das Priestertum bei Sacharja (2003),
nous semble avoir sereinement et souverainement étudié la question et
apporté une solution satisfaisante. Voilà un résumé de ses conclusions:
Le prince héritier davidique légitime, Zorobabel, a été chargé par
les autorités perses du rapatriement d’une groupe important d’exilés
avec les responsabilités organisatrices et politiques afférentes. Il est
accompagné d’Aggée, qui a été témoin du premier temple, et du jeune
Zacharie. Sa fonction n’est pas de reconstuire le temple, les “anciens
de Juda†en sont les maîtres d’œuvre (Esd 5,4.9). Cependant, la
question de la légitimité du nouveau temple se pose: il faut retrouver la
(42) Sur l’opposition à la thèse de HANSON, cf. les auteurs cités par J.M. BODA,
“Majoring on the Minors: Recent Research on Haggai and Zechariahâ€, Currents
in Biblical Research 2 (2003), 33-68, 42-43.
(43) On sait que P. GRELOT, Les poèmes du Serviteur. De la lecture critique Ã
l’herméneutique (LD 103, Paris 1981) 67-73, a fait de la figure royale de
Zorobabel l’arrière-plan des poèmes du Serviteur souffrant dont És 53,9 dit la
mise à mort.
(44) Ainsi ALBERTZ, Religionsgeschichte, 483-487.