Jean Marcel Vincent, «L’apport de la recherche historique et ses limites pour la compréhension des visions nocturnes de Zacharie», Vol. 87 (2006) 22-41
The aim of this article is to point out danger to which “historicizing” interpretations
of the nocturnal visions of Zechariah (Zech 1,7–6,8*) are exposed.
Research into the historical context has been thoroughly renewed by studies by
Th. Pola (2003) and M.J. Boda (2004, 2005) but is it really certain that the
nocturnal visions concern the rebuilding of the temple in Jerusalem and that it is
necessary to liken, as tradition does, the message of the cycle of visions to that of
the oracles of the prophet Haggai?
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en 1,7 par une donnée chronologique très précise: “Le vingt-quatrième
jour du onzième mois (c’est le mois de Shebath), l’an deux de Darius,
la parole de YHWH advint à Zacharie, le fils de Bérékia, le fils d’Iddô,
le prophète, en ces termesâ€. La date devrait correspondre au 15 février
519 (19). Comme, dans la deuxième partie du verset, il est question de
Zacharie à la troisième personne et que, de toute évidence, la formula-
tion stéréotypée (“la parole de YHWH advint à Zacharie … en ces
termesâ€) correspond plus à une introduction d’oracles prophétiques
qu’à celle d’un cycle autobiographique de visions, ce verset ne peut
guère être l’introduction primitive du cycle. Toutefois les rédacteurs ont
peut-être utilisé pour la première partie du verset une donnée qui était
celle de l’introduction d’origine du cycle des visions. Sauf quelques
exceptions, cette date est généralement acceptée comme fiable (20).
Certains s’étonnent toutefois qu’on ne trouve pas, dans le cycle,
d’allusion claire aux événements qui se sont déroulés depuis 539, date
de la chute de Babylone, en particulier aucune allusion à l’édit de Cyrus
qui permettait, dès 538, la reconstruction du temple. La deuxième
vision (2,1-4) laisse entendre que les cornes qui ont dispersé Juda (il ne
peut s’agir que des Babyloniens) (21) vont bientôt être abattues et
expulsées par des forgerons (donc, elles ne l’ont pas encore été). Dans
la sixième vision (5,5-11), la méchanceté ou l’injustice (probablement
une statue emblématique d’un culte idolâtrique) (22) est expulsée vers le
pays de Shinéar, autre nom pour Babylone. Dans la septième vision
(6,1-8), des chevaux noirs sortent vers le territoire du nord pour y
déposer le “souffleâ€, très probablement la colère divine (23), comme
(19) Cf. POLA, Priestertum, 39-43.
(20) Ainsi, par ex., par GRAF REVENTLOW, Die Propheten, 39, qui considère la
date de 1,7 comme rédactionnelle mais comme conforme à la réalité historique.
(21) D’autres interprétations ont été proposées. À l’instar des récits de Daniel,
l’interprétation traditionnelle rapproche les quatre cornes des quatre empires qui
se sont succédés au cours de l’histoire (Assyriens, Babyloniens, Perses, auxquels
on ajoute soit les Égyptiens soit les Macédoniens). Ou alors, quatre est compris
dans un sens très général: l’ensemble des nations, grandes et petites, qui ont
manifesté leur hostilité au peuple de YHWH. K. GALLING, “Die Exilswende in der
Sicht des Propheten Sacharja†[1952], ID., Studien zur Geschichte Israels im
persischen Zeitalter (Tübingen 1964) 109-126, pense que la genèse des visions
s’étend sur une période qui commence avant 539.
(22) Cf. Chr. UEHLINGER, “Die Frau im Efa (Sach 5,5-11). Eine Programm-
vision von der Abschiebung der Göttinâ€, BK 49 (1994) 93-103.
(23) BODA, Haggai / Zechariah, 323-324, rappelle que le souffle est clairement
l’agent de la colère divine en Jr 49,36-47; Jg 8,3; Pr 16,32; 29,11; Ez 16,42 et
24,13.