184 JEAN-NOËL ALETTI l’important est que l’Écriture ait annoncé par avance (proeyhgge- lısato) la bénédiction des Nations en Abraham, et ce, dès le ¥ commencement (Gn 12,3); cette bénédiction ne vient donc pas de ce que Dieu a changé d’avis — elle précède au demeurant Gn 17,10-14. Il a en outre voulu qu’elle advienne en Abraham, et par la foi, comme pour Abraham. Eu égard à leur finalité, ces versets sont clairs, mais ils soulèvent néanmoins des difficultés, car: (i) s’il faut faire partie du sperma d’Abraham pour avoir en héritage les bénédictions, et s’il ¥ faut pour cela être circoncis, comme Dieu le demanda en Gn 17,10-14, les ethnico-chrétiens ne doivent-ils pas passer par la circoncision pour avoir part aux bénédictions? (ii) Les v. 6-9 s’appliquent aussi aux ÃIoydaıoi qui disent vivre de la foi, une foi ˜ qui s’exprime dans l’obéissance à la volonté divine promulguée dans la Loi, une obéissance voulue par Dieu même. Paul doit donc montrer que les Nations ont obtenu les bénédic- tions promises à Abraham sans avoir à devenir sujets de la Loi, autrement dit: sans se faire circoncire et devenir ainsi ÃIoydaıoi. ˜ Deux types d’argumentation où le cas d’Abraham est chaque fois normatif : (i) un premier, où il faut montrer que Gn 17 ne rend pas obsolète Gn 15, et ce, en évitant d’établir un lien entre la Loi et la malédiction. C’est le choix fait en Rm 4; (ii) un deuxième, où il faut montrer que, loin d’être nécessaire pour obtenir les bénédic- tions promises, la Loi porte plutôt à la malédiction. C’est la voie choisie par Paul en Ga 3,10-14. III. Les versets 10-12 La logique de ces versets n’a rien d’évident, comme le montrent les interprétations divergentes qui en sont faites 3. Aussi est-il utile de rappeler les étapes par lesquelles Paul est passé et qui sont au nombre de deux: les v. 10-12, où il est progressivement affirmé que la Loi ne peut justifier, car elle n’a pas partie liée avec Outre la liste quasiment exhaustive signalée par M. BACHMANN, “Zur 3 Argumentation von Galater 3.10-12”, NTS 53 (2007) 324-325; voir également un bref état de la question en D. MARGUERAT, “L’évangile paulinien de la justification par la foi”, 39-48.