Jean-Noël Aletti, «L’argumentation de Ga 3,10-14, une fois encore. Difficultés et propositions.», Vol. 92 (2011) 182-203
More technical than in the past, the interpretation of Ga 3,10-14 tries to pay attention to the enthymemes and to find the syllogisms which would support Paul’s reflection. This article shows that it is much better and surer to have a very close look at the gezeroth shawoth.
188 JEAN-NOËL ALETTI
Dt 27,26 déclare maudits ceux qui ne maintiennent pas en vigueur
tous les commandements de la Loi 17, c’est pour souligner le
sérieux de la situation à tous ceux dont la Loi est la règle de vie:
toute transgression fait courir le risque de malédiction 18 ; en repre-
nant Dt 27,26 et en lui donnant une extension maximale 19, Paul en
souligne le sérieux 20.
Ce que nous avons jusqu’à présent mis en évidence peut être
ainsi résumé: (a) L’apôtre commence par avertir les pratiquants de
la Loi qu’ils doivent lui être intégralement fidèles sous peine
d’encourir une malédiction. (b) Les commandements à pratiquer ne
sont pas seulement ceux concernant les boundary markers 21, car la
manière dont la citation est reprise montre à l’évidence que Paul
n’envisage pas qu’une série de commandements mais bien tous. (c)
confessions des péchés post-exiliques et les psaumes plus tardifs, tel le Ps
102/103, selon lequel le premier des bienfaits divins est le pardon.
À la différence du grec, le texte hébreu de Dt 27,26 n’a pas le lK, mais il
17
o
y est en Dt 28,1, dans le grec et l’hébreu: twc"ˆ l wyt/xmAlKAta et poieın pasav
˜ ¥
o [" ˆi ,
tav entolav aytoy.
ùß ù ߘ
Cf. D. MARGUERAT, “L’évangile paulinienâ€, 43, dont la formulation est
18
très juste: “[L]a pratique de la Loi est surplombée par une potentielle malédic-
tion â€. Les expressions ypo kataran du v. 10a et epikataratov du v. 10b ne
Ωù ¥ ß ¥
sont pas équivalentes. Il est pour cette raison malvenu d’en faire le même terme
(B) d’un syllogisme en barbara ainsi reconstruit: la majeure (10b) étant
composée de (M) et (B), la mineure (v. 11a), de (A) et (M), et la conclusion (v.
10a), de (A) et (B), comme le suggèrent Bachmann (“Zur Argumentationâ€,
536-540. en particulier le schéma de la p. 539) et d’autres. Si le ypo kataran
Ωù ¥
du v. 10a et le epikataratov du v. 10b ne sont pas équivalents, alors le osoi du
ß ¥ ™
v. 10a et le pav o du v. 10b n’ont pas la même extension (puisque, selon le
˜Ω
témoignage même des Écritures, tous les sujets de la Loi ne sont pas maudits).
On a fait observer que, tout comme Dt 28,58, Dt 27,26 semble renvoyer
19
au seul livre du Deutéronome. Cf. par ex. BACHMANN, “Zur Argumentationâ€,
527.
On retrouve une observation semblable à celle de Ga 3,10 en Jc 2,10:
20
ostiv gar olon ton nomon thrhsq ptaısq de en en¥, gegonen pantwn
™ ù™ ù ¥ ¥ ¥ ùß Ωı ¥ ¥
enoxov.
¶
DUNN, Galatians, 172, pour qui ceux visés au v. 10 sont “those who, in
21
his [Paul] judgement, were putting too much weight on the distinctiveness of
Jews from Gentiles, and on the special laws which formed the boundary
markers between them, those who rested their confidence in Israel’s ‘favoured
nation’ status, those who invested their identity too far in the presumption that
Israel was set apart form ‘the nations’ — including, of course, the Jewish Chris-
tians in view in 1:6-8 and 2:4.12â€.