Marcel Beaudry - Étienne Nodet, «Le Tigre et lEuphrate en Benjamin», Vol. 79 (1998) 97-102
This is a study of the origin of the names of two places to the north-east of Jerusalem: wa3dy (n-Nimr(w. of the leopard) and wa3dy (l- Gazal (w. of the gazelles). Basing themselves on biblical texts, rabbinic interpretations and the writings of Flavius Josephus the authors suggest seeing these two names as a transposition of the names of the rivers Tigris and Euphrates to the territory of the tribe of Benjamin.
Cependant, il y a, plus en aval dans le même w. Fa3ra, la source signalée plus haut(E"n el-Fawwa3r, qui est bouillonnante, comme son nom le suggère. À une eau bouillonnante sans propriété chimique particulière pouvait cependant être rattaché le souvenir d'un esprit guérisseur, cf. Jn 5,4 et Lv Rabba § 24, mais on n'a pas de témoignage direct pour cette source.
Ces rapprochements sont finalement assez vagues, et donc l'information de Rashi sur ces eaux, qui provient vraisemblablement d'une confusion ancienne de prt-Fa3ra avec Callirrhoé, ne vient pas directement de ses sources écrites, malgré sa coutume de toujours chercher à interpréter en sélectionnant dans les matériaux véhiculés par la tradition. Il ne sait pas le grec, mais il utilise parfois des éléments qu'on ne retrouve que dans Aquila ou dans la LXX. De fait, il est établi que ses maîtres, au XIe s. en Lotharingie, avaient des relations suivies avec les savants de Rome, lesquels tenaient beaucoup de choses de Méditerranée13 orientale (Judée, Égypte) depuis les temps prébyzantins. Telle doit être la source des échos qu'il rapporte.
III
Il reste encore à caractériser cette tradition insistante qui veut identifier l'Euphrate au w. Fa3ra lorsqu'il s'agit des limites du pays d'Israël. La tournure signalée plus haut, selon laquelle l'Euphrate "est monté" est caractéristique pour désigner pèlerinage ou immigration, voir même invasion. C'est donc un indice que le transfert du nom, ou au moins l'interprétation d'une similitude lexicale, n'a pas été fortuit.
S'il faut trouver l'occasion d'un tel transfert, on peut risquer ici une conjecture, en recherchant les frontières de la Judée de Néhémie ou de Judas Maccabée. Celle-ci est limitée à l'ouest par Emmaüs (Nicopolis) au pied des collines, au sud par Bet-Çur, à l'est par la vallée du Jourdain. La limite nord, en Benjamin, est mal indiquée, mais si l'on cherche une frontière naturelle, une ligne joignant la vallée d'Ayyalôn et la vallée formée par le w. Fa3ra et le w.)l-Qilt conviendrait parfaitement. En se fondant sur cette supposition, la conjecture proprement dite consiste à imaginer que telle était aussi la limite que s'était fixée Bar Kokhba en instituant son État14, puisqu'il avait pour modèle 1 M. Dans ce cas, ce serait sa manière à lui de reconquérir "jusqu'à l'Euphrate" la terre promise. Peut-être même était-il sur les traces de Simon b. Giora, l'autre zélote dont parlait Josèphe, qui s'était embusqué dans le w. Fa3ra. Une signification supplémentaire possible, puisque la guerre avait obligé ses troupes à se réfugier dans le désert de Judée et à s'y organiser, serait que les appellations de Tigre et d'Euphrate aient servi par métaphore à désigner un lieu d'exil aux frontières.
Quoi qu'il en soit, l'identification de la vallée prh avec un Euphrate déplacé a bien été faite sur le terrain dès les temps bibliques, comme le