Maurice Gilbert, «Où en sont les études sur le Siracide?», Vol. 92 (2011) 161-181
This article takes stock of works published over the last twenty years on the book of Sirach. In it the textual, literary and theological problems dealt with these days are discussed in succession. The footnotes provide an ample bibliography on the subject. The conclusion is that research on this book is making great strides, but also that it is far from having solved all these problems.
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OÙ SIRACIDE ?
EN SONT LES ÉTUDES SUR LE
Pour Ben Sira, dans la foulée de Pr 1–9, la Sagesse est de l’ordre
du divin; elle est assimilée à l’Esprit du Seigneur (Si 1,9-10: cf. Jl
3,1-2) et à sa Parole créatrice (24,3; 42,15cHb). C’est Dieu lui-
même qui l’accorde à profusion à Israël (1,10b; 24,8), où elle a
grandi, telle une plantation généreuse, jusqu’à englober, à partir du
temple de Jérusalem, toute la terre de ce peuple (24,10-27). Contrai-
rement à ce qu’on répète, la Sagesse ne s’identifie pas à la Torâ,
mais celle-ci, étant plus une histoire qu’une législation (à laquelle
Ben Sira s’intéresse peu), doit être comprise comme la meilleure
expression de la Sagesse. En effet, non seulement le mot hrwt,
comme nomov signifie à l’époque la révélation divine, mais Si 24
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décrit une histoire qui dépasse les limites du Pentateuque.
Cette Sagesse, le sage et ses disciples la recherchent aux condi-
tions qu’on a dites (1,20–2,18): elle ne s’obtient qu’au prix d’un
long effort de persévérance (4,11-19; 6,18-37; 14,20-27). L’ayant
obtenue, le sage est seul en mesure de louer le Seigneur (15,10;
51,13-22) : c’est qu’il médite tous les jours l’Écriture (38,34c–39,1)
et prie le Seigneur de lui octroyer la Sagesse (39,5-6). Le sage est
alors rempli de la Sagesse et, de lui, elle déborde, comme par un
canal d’irrigation pour arroser ses parterres: le maître ne fait que la
transmettre à ses disciples et à ceux qui recevront son enseigne-
ment (24,30-34; 39,12b). Lui, pourtant, se considère comme le
dernier venu (33,16), mais il sait aussi que son nom vivra éternelle-
ment (37,23-26; 39,8-11).
La crainte du Seigneur est cette disponibilité de l’homme pour
accueillir le don de Dieu. Elle est au principe de la Sagesse reçue
et elle en est le couronnement (1,11-20). Crainte religieuse, comme
l’avait montré J. Haspecker, mais, contrairement à ce que celui-ci
pensait, elle n’est pas le thème principal du livre de Ben Sira, qui
est bien plutôt la recherche de la Sagesse. Cette crainte est aussi un
amour du Seigneur (2,15-17) 49, qui implique humilité et soumis-
sion, en ce sens, comme l’écrivait P.C. Beentjes : Full Wisdom is
fear of the Lord et full Wisdom implique l’accomplissement de la
Torâ.
Un second point précis du message de Ben Sira est, chez lui,
l’absence de toute perspective outre-tombe. Ce que l’homme laisse
Cf. aussi les deux leçons en Si 1,10b: “ceux qui l’aiment†(Gr) ou
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“ ceux qui le craignent†(Syr).