Jean-Noël Aletti, «Romains 4 et Genèse 17. Quelle énigme et quelle solution?», Vol. 84 (2003) 305-325
The article is an attempt to show that, thanks to the two citations of Gn 15,6 and Ps 31[32],1-2 in Rm 4,2.7-8, Paul gives his opinion indirectly but nevertheless clearly on the injunctions of Gen 17,10-14. Those citations form a gezerah shawah (= GS), which goes along with the standards of the technique fixed by the rabbis later on and allows Paul to interpret the role of the circumcision in Gn 17,10-14 originally and paradoxically.
en d’autres termes, une GS ne peut s’appliquer qu’aux sections législatives de la Torah. Si telle est la première restriction, la très grande majorité des rapprochements bibliques faits par Paul ne saurait mériter le nom de hw#$ hryzg. Je ne connais qu’un seul passage paulinien obéissant à cette contrainte, Ga 3,10b et 13b, car les deux passages mis en rapport, Dt 27,26 et 21,23, viennent tous deux de la Torah, plus exactement du Deutéronome, et ont en commun le même adjectif e)pikata/ratoj. Sur ce dernier on peut d’ailleurs discuter, car si le vocable est le même en Ga 3, tel n’est pas le cas dans la LXX11:
– Dt 27, 26 e)pikata/ratoj pa=j a!nqrwpoj o$j ou)k e)mmenei= e)n pa=sin toi=j lo/goij tou= no/mou tou/tou tou= poih=sai au)tou/j
– Dt 21,23 kekathrame/noj u(po_ qeou= pa=j krema/menoj e)pi_ cu/lou.
Or, l’un des critères appliqués tardivement à la GS est que le ou les mots grâce auxquels sont rapprochés deux énoncés de la Torah doivent avoir exactement la même forme. Si l’on suit donc les critères jusqu’à présent mentionnés — sur l’étendue du corpus d’application et sur la forme du vocable servant de pont entre deux passages —, aucun des rapprochements scripturaires formulés par Paul ne peut être déclaré GS. Les rapprochements opérés par l’apôtre en perdraient-ils leur validité? Car, même si l’on doit renoncer à l’appellation hw#$ hryzg, l’important est bien que l’interprétation des textes bibliques faite par Paul soit fondée et justifiée.
À dire vrai, si les limitations imposées plus tard à la GS devaient invalider les modes de procéder des siècles antérieurs, l’exégèse de Paul ne serait pas la seule touchée. Bien des rapprochements scripturaires opérés avant lui devraient eux aussi tomber. Car, dès avant l’ère chrétienne, ce que l’on appellera bien plus tard GS existait déjà dans la Bible hébraïque elle-même12 et à Qumran13. La même technique a également été repérée dans les livres canoniques écrits directement en grec 14. C’est donc toute la pratique séculaire ancienne qui pourrait être infirmée par les codifications postérieures.