Paul Beauchamp, «Lecture christique de l’Ancien Testament», Vol. 81 (2000) 105-115
Attempting a Christ-oriented reading of the Old Testament is a challenge which invites objections and obstacles. What is the degree of legitimacy or of necessity which the New Testament (the Gospels and Acts) provides for such a reading? We are concerned with those texts which set forth the principle itself rather than with individual citations; such a reading appears as inseparable from the foundations of the faith. Other texts are illuminating for us with regard to the way of carrying this out. This article presents the first lines of a response, by means of a hermeneutical conversion. It presupposes that one cannot distance oneself from the literal meaning and from its spiritual and theological content.
connaissance des Écritures (ibid.) Les voies exégétiques des premiers groupes chrétiens furent sûrement variées. Mais toutes durent comporter une large part dargumentation qui avait conscience dêtre rationnelle.
En face de cela, le pôle affectif se découvre dans toute sa force avec lépisode dEmmaüs et la métaphore du feu ("coeur brûlant": Lc 24,32). Les "esprits sans intelligence" et les "coeurs lents à croire" sont devenus "coeurs brûlants". Ce récit est apparenté à un épisode du Talmud de Jérusalem (Hag 2,77b)18. Alors que deux rabbins se livraient à lexégèse "passant de la Torah aux Prophètes et des Prophètes aux Hagiographes", un feu du ciel, pareil à celui du Sinai, les entoura: il "léchait les paroles" des Écritures. Cétait leffet du procédé de l"assemblage en collier" (hzyzx) des trois parties de lÉcriture (Loi, prophètes, écrits), celui que pratique Jésus en Lc 24.
Dans le concret, raison et sensibilité, raison et affect, ne sont pas séparées, mais unies. Leur assemblage est bien réalisé dans la démarche à laquelle Ac donne le nom de "persuader" (Paul: Ac 17,4;18,4; 19,8; 28,23). Dans les termes de la rhétorique ancienne, la persuasion ne réussit que moyennant une certaine confiance instaurée entre lenseignant et lenseigné. Dans la rhétorique dAristote, F. Marty traduit le terme pi/stei= par "facteurs de confiance", instruments de persuasion. En utilisant la similitude qui parle à lexpérience, la parabole devient "une chance pour la pensée, donnant confiance pour la conduire et pour la dire"19. La clé des Écritures est de même nature que la clé des paraboles. Dans lusage des textes dÉcriture orientés vers la foi en Jésus comme Christ, lexpérience et la relation jouent un rôle décisif. Il ne sagit jamais dune procédure, que suffiraient à valider la précise identification des données et la rigueur du raisonnement.
Ceci dit, lexégèse actuelle, (ou plutôt celle du 21° siècle!), peut-elle ou doit-elle tirer des conclusions de cette thèse du Nouveau Testament dans son exégèse de lAncien? Si oui, par quels moyens? Mais, dabord, à travers quels obstacles?
2. Les obstacles
Lintérêt pour lherméneutique20 ne sest développé chez la majorité des exégètes que tardivement, là du moins où les études de théologie et celles de philosophie se déroulaient séparément. Le terme "historico-critique" nest pas apparu dans lusage des milieux exégétiques avant une date relativement récente, pour une raison simple: il est contemporain dune prise de conscience que toute lexégèse ne se réduit pas à cette dimension. Jusqualors, lexpression "exégèse historico-critique" aurait presque fait leffet dun pléonasme! La revendication dune certitude de type scientifique prenait souvent la forme dun certain durcissement. La liberté de la lecture christique